Des applications mobiles anti-addictions (2024)

Des applications mobiles anti-addictions (1)

Innovation

La moitié des faits de délinquance et 20% de la mortalité sont liés aux addictions en France. La lutte contre les addictions constitue donc un enjeu majeur de santé publique. Les nouvelles applications mobiles pourraient-elles aider à guérir les addictions?

Addictions et applications mobiles

Les addictions sont définies comme des maladies cérébrales associées à une dépendance vis-à-vis d’une substance ou d’une activité, cette dépendance entraînant des effets néfastes. Les addictions sont nombreuses:

  • L’alcool;
  • Le tabac (et en particulier la nicotine qu’il contient);
  • Le cannabis;
  • Les opiacés (héroïne, morphine);
  • La cocaïne;
  • Les amphétamines et leurs dérivés;
  • Le jeu pathologique (jeux de hasard et d’argent).

Les addictions sont des pathologies chroniques, caractérisées par de fréquentes rechutes, qui nécessitent une prise en charge médicale sur le long terme. Les thérapeutiques classiques des addictions reposent sur des mesures individuelles et collectives (psychothérapie, groupes de paroles, traitement médicamenteux, etc.). Mais les patients souhaitent souvent un suivi plus régulier, voire quotidien, malheureusem*nt incompatible avec le fonctionnement des services d’addictologie.

L’essor des nouvelles technologies, et en particulier des applications mobiles, pourrait représenter une aide précieuse pour le suivi des patients souffrant d’addictions.

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Des applications sur les addictions

Quelques applications mobiles ont d’ores et déjà été évaluées par les autorités de santé. Ces applications fournissent aux patients des informations sur leur traitement, des conseils pour les motiver et des outils pour suivre leur progression vers la guérison. Elles facilitent par ailleurs les échanges sociaux, contribuant à rompre l’isolement et la stigmatisation fréquemment ressentis par les patients souffrant d’addictions.

Dans le contexte particulier des addictions, les applications mobiles offrent plusieurs avantages précieux:

  • Une accessibilité permanente, 24h/24, 7j/7;
  • Un anonymat;
  • Une facilité d’accès (92% des Français ont un portable et 58% un smartphone);
  • Un faible coût (la plupart des applications sont totalement gratuites).

Déjà près de 100 applications mobiles ont été développées pour la prise en charge des conduites addictives (la plupart d’entre elles aux USA). Elles mettent à disposition des patients :

  1. Des informations psychoéducatives;
  2. Des stratégies pour améliorer la motivation (listes d’actions, méthodes de relaxation, activités de loisirs);
  3. Une amélioration des relations sociales (localisation des groupes d’entraide, forums de discussions, communautés en ligne, accès aux personnes ressources);
  4. Un accès personnalisé aux progrès réalisés (statistiques, graphiques, récompenses virtuelles).

Les patients plébiscitent surtout les applications gratuites et multifonctions. Ils voient dans ces applications une assistance en temps réel qui les aident à rester motivés et concentrés sur l’objectif fixé avec l’équipe médicale.

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Des applications efficaces…

Peu d’études scientifiques ont évalué l’efficacité de ces applications sur la prise en charge des addictions. Les premiers résultats montrent un bénéfice, par exemple dans le cas du «binge-drinking» chez les jeunes ou dans le cas de l’alcoolisme chronique. Deux applications ont fait l’objet d’études plus approfondies: «A-Chess» et «Stop-Cannabis».

A savoir ! Le «binge-drinking», encore appelé «biture express» ou «beuverie express» est un mode de consommation de l’alcool, qui consiste à boire ponctuellement de grandes quantités d’alcool le plus rapidement possible.

«A-Chess» («Addiction-Comprehensive Health Enhancement Support System») est une application en anglais destinée à prévenir la rechute chez les consommateurs réguliers d’alcool. Elle vise à favoriser l’autonomie des patients en leur donnant des outils pour gérer les situations difficiles. L’application est interactive et pilotée par un professionnel de santé. Après 4 mois, 80% des patients utilisent toujours l’application. Ces patients rechutent moins souvent et moins sévèrement que les patients qui n’utilisent pas l’application. Cette application pourrait également servir de modèle de prédiction des rechutes, permettant une intervention précoce du professionnel de santé lors de la survenue de signes avant-coureurs de rechute.

«Stop-Cannabis» est l’une des rares applications en langue française, développée par une équipe de psychiatres suisses. Elle est destinée aux consommateurs de cannabis désirant diminuer ou arrêter leur consommation. Personnalisable, l’application offre de multiples fonctions: l’évaluation des consommations, les progrès effectués, les sources de motivation du patient, des messages personnalisés et un forum de discussion modéré par un psychologue. Plus de 70% des patients utilisent cette application tous les jours et plus de 80% considèrent qu’elle contribue à la diminution ou l’arrêt du cannabis.

En savoir plusStop Cannabis

… qui doivent rester complémentaires des traitements classiques

Les applications mobiles sur les addictions semblent montrer un intérêt pour la prise en charge des addictions. Mais quelle peut-être leur place en addictologie? Les spécialistes sont formels, ces applications doivent rester une approche complémentaire aux thérapeutiques classiques. En aucun cas, elles ne peuvent se substituer aux prises en charges des différentes addictions.

Néanmoins, des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer plus précisément leur efficacité. Les applications développées par des institutions de santé seraient à privilégier, en particulier parce qu’elles impliquent des professionnels de santé. Par ailleurs, ces applications soulèvent certains problèmes éthiques, notamment concernant la protection des libertés individuelles, ainsi que le risque de transmission et d’utilisation d’informations médicales personnelles. La création d’un label pour les applications concernant la santé pourrait permettre de préserver au maximum les intérêts du patient. Une réflexion à l’échelle européenne est actuellement menée sur la sécurité des applications mobiles dédiées à la santé.

Vous pourrez retrouver l’application Stop Cannabis sur :

Des applications mobiles anti-addictions (2)Des applications mobiles anti-addictions (3)

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

Sources :

Lucet, C. et al. Applications pour smartphone : quel intérêt en addictologie ? 2016. La Lettre du Psychiatre. Vol. XII – n° 4-5. Juillet-août-septembre-octobre 2016.

Des applications mobiles anti-addictions (2024)

FAQs

Is smartphone addiction in the DSM 5? ›

While not formally recognized by the DSM-5, problematic cell phone use shares many similarities with behavioral addictions.

Is there an app that shuts down your phone? ›

If you find that you need a more aggressive approach to unplugging, Flipd is the app for you. Flipd allows you to lock your phone for a set period of time, and once you do, there's no going back. Even restarting your phone won't disable the app, so it's impossible for you to cheat!

What makes mobile apps addictive? ›

Mobile applications often employ cues, such as notifications, which trigger a response from users, leading to subsequent reinforcement, such as social rewards [23]. This cue-response-reinforcement loop can contribute to the formation of habits and, consequently, addiction.

Why are mobile devices so addictive? ›

But each time you did something that prompted the release of dopamine, your brain started to notice a pattern. Soon enough, your brain began to associate 'cell phone' with 'dopamine. ' And since your brain naturally craves easy hits of dopamine, it started to crave your phone.

Is technology addiction in the DSM-5? ›

Because of the large body of studies on video game addiction, the American Psychiatric Association (APA) included Internet Gaming Disorder (IGD) in the research appendix of the fifth edition of the Diagnostic and Statistical Manual for Mental Disorders (DSM-5; APA, 2013; Petry et al., 2014; Petry & O'Brien, 2013) and ...

What mental disorders are caused by excessive use of mobile phones? ›

From poor sleep quality to heightened levels of stress, anxiety, and depression, smartphone addiction can take a huge toll. Mental health providers need to be aware of the potential issues associated with the overuse of smartphones so that they can help their clients identify, manage, and overcome the addiction.

Why is the Bark app bad? ›

Unfortunately, the alerts aren't instantaneous, since Bark analyzes large amounts of data. Another one of Bark's drawbacks is that you can't block messages, contacts, and phone calls from your child's device.

Is it bad to turn your phone off every night? ›

The bottom line is that switching your cell phone off at night accomplishes many things at once, like: limiting your radiation exposure. boosting battery life. reducing energy consumption.

How to avoid using a phone too much? ›

7 Proven Ways to Break Your Cell Phone Addiction
  1. Set aside one day/week. ...
  2. Use a 30-Day Experiment to reset your usage. ...
  3. Use apps to bolster self-control. ...
  4. Don't charge your phone near your bed. ...
  5. Put your phone away when you walk in the door. ...
  6. Change your phone settings. ...
  7. Put a hairband around your phone.

What is the root cause of mobile addiction? ›

Risk factors for phone addiction include lack of awareness or education, personal predisposition, age, mental health conditions, perceived social pressure, lack of alternative coping mechanisms, boredom and escapism, availability and accessibility, and social influence.

What is the most addictive software? ›

Facebook is the most addictive app on mobile – and by a large margin. On average, users engage with the Facebook app 5.8 days a week, a full day more than almost all the other apps on the list. Maybe that's no surprise, but what about the rest of the apps on the list?

What can I use instead of a smartphone? ›

Top 10 Smartphone Alternatives in 2023
  • 1) Flip Phones. ...
  • 2) Wearable Tech. ...
  • 3) Augmented Reality Glasses. ...
  • 4) Tablet-Phone Hybrids. ...
  • 5) Voice-Activated Devices. ...
  • 6) E-Readers with Connectivity. ...
  • 7) Light Phone (Minimalist Phones) ...
  • 8) Projector Phones.
Sep 9, 2023

What happens if you don't use your phone for a long time? ›

Android phones, like the Google Pixel 6 Pro, require proper storage to prevent data loss or corruption. The device has 128GB of internal storage and can store up to 4K videos. If left unused for a year, the internal storage can become corrupted, making the device unusable.

What happens if you spend 12 hours on your phone? ›

Negative Effects of Too Much Screen Time:

Eye Strain and Headaches - Too much time spent looking at screens can cause fatigue or discomfort in your eyes as well as dimmed vision. Glare on screens and the brightness of the display can place further strain on your eyes. Eventually, this strain can lead to headaches.

Is phone addiction a diagnosis? ›

The American Psychiatric Association does not officially recognize the condition. Still, it is acknowledged as a behavioral addiction by many medical professionals and researchers worldwide.

What are the DSM-5 categories for addiction? ›

According to the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, fifth edition (DSM-5), substance-related disorders are categorized into 10 classes based on use of the following substances: alcohol, caffeine, cannabis, hallucinogens, inhalants, opioids, sedatives, hypnotics and anxiolytics, stimulants, tobacco, ...

What addictive behaviors are not in the DSM-5? ›

The condition criteria do not include general use of the Internet, gambling, or social media at this time. DSM-5 will not include caffeine use disorder, although research shows that as little as two to three cups of coffee can trigger a withdrawal effect marked by tiredness or sleepiness.

Is social media addiction in the DSM-5? ›

Is Social Media Addiction Real? The term “addiction” can mean different things, depending on whether you're speaking in medical terms. According to the DSM-5, social media addiction is not recognized medical condition. Neither is Internet addiction disorder.

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Author: Barbera Armstrong

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